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Eric Aupol Démultiplier : sur les pas de Clérambault (Sur une proposition originale d'Antonio Guzmán *)
Exposition Galerie Polaris - 8 novembre - 20 décembre 2014

Reconnu pour son travail sur la pénombre et la lumière dans les espaces et l’architecture, Eric Aupol s'attache pour la première fois aux traces d’un personnage
réel : Gaétan de Clérambault, psychiatre et photographe, symptôme des promesses et des errances de la modernité naissante du XXe siècle.
scène rigoureuse, Aupol dévoile une sensibilité propre, qui confère à ce triptyque une dimension unique.

Médecin chef à l'Infirmerie Spéciale de la Préfecture de Police de Paris, enseignant aux Beaux Arts de Paris et en psychiatrie clinique, il sera le directeur de thèse de Jacques Lacan dans les années 20. Le Maréchal Lyautey lui demandant de construire le service psychiatrique moderne du Maroc, le médecin s'installera à Fès et en ramènera près de milles clichés d'études de drapé, aujourd'hui disséminés. Atteint de cataracte et devenu pratiquement aveugle il se suicide en 1934 par arme à feu, à Malakoff, dans une mise en scène sophistiquée.

4 Chapitres, 4 pages nous sont proposés dans cette exposition :

Les Etudes : dans la série des nus drapés, c’est à nous, spectateurs, d’interpréter et d’imaginer le sens de ces images. Les corps et les drapés y sont évidemment complémentaires. Ces personnes au bord d’un seuil, ces corps en attente, comme des pièces au bord d’un échiquier, et dont on ne voit que le dos et la chevelure, renvoient aux nombreuses conférences sur le drapé réalisées par Clérambault à l’Ecole des Beaux Arts de Paris, mais aussi à l'obsession classificatrice de l’époque, entre photographie, identité judiciaire et psychiatrie. La photographie est ici à voir comme outil de rationalisation des corps, du temps et des espaces. Il ne s’agit pas d’une
représentation mais bien d’un événement.

Le quartier du Maristane (hôpital) (Fès) : Tout ce travail sur l’espace n’est pas un fait du hasard : les salles représentent des lieux d’enfermements, comme autant de méandres de la personnalité de Gaëtan de Clérambault. Dans ces labyrinthes quadrillés, d’étranges lignes soulignent l’isolement et la réduction de liberté, comme une mise au carreau des corps et des esprits. Derrière le silence et la splendeur d’une (presque) mise en scène rigoureuse, Aupol dévoile une sensibilité propre, qui confère à ce
triptyque une dimension unique.

Les pages tableaux : Par une exceptionnelle utilisation et maîtrise de la lumière, Eric Aupol recompose ici de véritables «tableaux». La juxtaposition des drapés, des tissus, des lumières et le naturel de l’éclairage (marque de fabrique de l’artiste) nous font remonter l’histoire, soulignant l’ambiance étrangement silencieuse de ces lieux liés à la parole : salles de conférences, d’auditions, d’écoutes. L’aspect de gisants dans la forme des tissus, donnent le sentiment que l’objectif de l’appareil peut faire réapparaître les spectres des corps qui auraient résidées dans ces images, patients ou modèles.
Ici la puissance du visuel révèle ce que le visuel peut obscurcir.

Les objets-outils : Une indexation imaginaire d'objets qui renvoient à la mesure, au classement, à l'écriture (le diagnostique), le pli, dans un potentiel de fonctionnement et d'association. Chaque prise de vue se veut comme la possible extraction d'un catalogue technique, objet sur fond noir, prise de vue frontale.


Cette nouvelle exposition de Eric Aupol est une invitation à côtoyer cette vie énigmatique, à en partager les interrogations, et les obsessions.
Clérambault, personnage moderne et classique dans un même temps, oscille sans cesse entre distance et émotion, entre analyse et subjectivité.
En ancrant ce passé dans notre présent, Eric Aupol nous offre son regard d’artiste photographe, où la véracité de la photographie est remplacée par son pouvoir narratif, nous questionnant ainsi sur la façon dont l’artiste regarde l’histoire, s’y insère et y formule son interrogation.
Cette revisitation d'un homme et d'une époque complète l’émotion plus classique des premières photographies de Eric Aupol. Cette dernière série insiste davantage sur le doute psychologique de la prise de vue. Photographe intemporel quand il évoque la conscience de la lumière, artiste de son époque quand il parle de la vie, Eric Aupol demeure avant tout un « artisan de l’émotion ».


*Critique et historien d’art, commissaire de l’exposition Demulti[plier] : Les séances de prises de vues de Gaëtan Gatian de Clérambault, Maroc, 1918-1919 (La Box,
galerie d’art contemporain de l’École nationale supérieure d’art de Bourges, exposition du 5 au 28 mai 2014)
Avec l’aide du CNAP, Centre National des Arts Plastiques
Galerie Polaris
15 rue des Arquebusiers
75003 Paris
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00 33 (0)1 42 72 21 27
www.galeriepolaris.com


  English 

Eric Aupol  Demultiplying : following the steps of Clérambault (based on the original poposition of Antonio Guzmán*)
Galerie Polaris exhibition - November 8 - December 20, 2014

Known for his work on half-light and light in spaces and architecture, Eric Aupol focuses for the first time on the wake of a real character : Gaétan Clérambault, psychiatrist and photographer, symptom of promises and wanderings of the incipient modernity of the twentieth century. Rigorous scene, Aupol unveils his own sensibility, which gives a unique dimension to this triptych.

Head surgeon in the Psychiatric Infirmary of the Police Prefecture of Paris, teaching at the Beaux-Arts in Paris and in clinical psychiatry, he was Jacques Lacan's PhD supervisor in the 20's. Marshall Lyautey asking him to build the modern psychiatric ward of Morocco, the doctor moved to Fès and brought back nearly thousand pictures of drapery studies, now scattered. Suffering from cataracts and becoming almost blind, he committed suicide in 1934 by firearm, in Malakoff, in a sophisticated setting.

4 Chapters, 4 pages have been offered in this exhibition :

Studies : In the series of draped nudes, It belongs to us, spectators, to interpret and to imagine the meaning of these images. Bodies and draperies are obviously complementary. These people at the edge of a threshold, these bodies awaiting, like piece at the edge of a chessboard, and whose we only see the back and the hair, refer to numerous conferences on drapery made by Clérambault at the Beaux-Arts school in Paris, but also to the classificatory obsession of that time, between photography, forensic identification and psychiatry. The photography has to be seen here as a tool for the rationalization of bodies, time and space. It is not a representation but rather an event.

The district of Maristane (hospital) (Fès): this whole work on the space is not a matter of chance  : the rooms represent places of confinements, like as many meandering of Gaëtan Clérambault's personality. In these squared labyrinths, some peculiar lines emphasize the isolation and the reduction of freedom, as a squaring of bodies and minds. Behind the silence and the splendor of a (nearly) rigorous staging, Aupol unveils his own sensibility, which gives a unique dimension to this triptych.

Pages tableaux : By an exceptional use and mastery of light, Eric Aupol reconstructs real "tableaux" here. The juxtaposition of the draperies, the fabrics, the lights and the natural of the lighting (the artist's trademark) take us back in history, by highlighting the strangely quiet atmosphere of these places bound to the speech: conference rooms , audition rooms, hearing rooms. The aspect of recumbent effigies in the shape of the fabrics, gives the feeling that the camera lens can make reappear spectres of the bodies that would have resided in these images, patients or models. Here the visual power reveals what the visual can obscure.

Tools-Objects : An imaginary indexation of objects that refer to measurement, classification, writing (the diagnosis), the fold, in a potential of functioning and association.
Each shot is intended as the possible extraction of a technical catalog, object on a black background, frontal shot.

This new exhibition by Eric Aupol is an invitation to mix with this enigmatic life, to share its questions and obsessions. Clérambault, modern and classical figure at the same time, constantly oscillates between distance and emotion, between analysis and subjectivity. By anchoring this past in our present, Eric Aupol offers his view of artist-photographer, where the veracity of the photography is replaced by its narrative power, questioning us on how the artist looks at history, inserts himself in it and formulates his interrogation about it.
This revisit of a man and a period of time completes the more classical feeling of Eric Aupol's first photographs . This last series focuses more on the psychological doubts of the shot. Timeless photographer when he evokes the consciousness of the light, artist of his time when he talks about life, Eric Aupol remains firstly an "artisan of emotion."

*Art critic and art historian, curator of the exhibition Demulti[plier] : Les séances de prises de vues de Gaëtan Gatian de Clérambault, Maroc 1918-1919 (La Box, contemporary art gallery of the National Art School of Bourges, May 5 to May 28 2014) with the help of the CNAP, National Center of Visual Arts.